Ces données sont issues d’un rapport publié en septembre 2024 par Global Initiative Against Transnational Organized Crime et Armed Conflict Location & Event Data Project (Acled).
La crise qui secoue les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun continue de s’aggraver, avec une recrudescence inquiétante des enlèvements contre rançon. Selon un rapport publié en septembre 2024 par Global Initiative Against Transnational Organized Crime et Armed Conflict Location & Event Data Project (Acled), 2023 a enregistré près de 450 enlèvements dans ces régions, soit plus du double des 200 cas répertoriés en 2022.
Le rapport révèle qu’en 2018, environ 40 enlèvements avaient été enregistrés, suivis d’une légère baisse en 2019. Cependant, depuis 2020, le nombre de kidnappings n’a cessé d’augmenter pour atteindre un sommet en 2023. Les analystes de ces organisations attribuent cette hausse à la réduction des financements fournis par la diaspora aux combattants séparatistes. Privés de ce soutien financier, les groupes armés ont recours aux enlèvements contre rançon pour financer leurs opérations. « Face à la diminution du soutien financier de la diaspora, les séparatistes se sont tournés vers un nombre croissant d’enlèvements contre rançon et de pillages pour financer leurs groupes », indique le rapport.
Le document précise également qu’au début des affrontements armés en 2017, plus de 89 % des attaques visant des civils étaient attribuées aux forces gouvernementales. Toutefois, les séparatistes ont progressivement intensifié leurs attaques contre les civils, atteignant près de 48 % des violences politiques en 2020. « Cette augmentation des attaques contre les civils, y compris une forte hausse des enlèvements en 2022 et 2023, a contribué à la diminution du soutien de la diaspora et des civils locaux », souligne l’étude.
En plus de la perte de soutien extérieur due aux kidnappings, les séparatistes ont aussi vu leur popularité chuter parmi les populations locales. Concernant les cibles des enlèvements, les séparatistes choisissent principalement des individus « politiquement influents, riches, ou les deux ». Ils enlèvent également des personnes ordinaires, mais le montant de la rançon dépend du profil et de la richesse de la victime, ainsi que de sa vulnérabilité à l’enlèvement. Par ailleurs, les membres des forces de sécurité et de l’armée sont par ailleurs des cibles privilégiées des séparatistes.
Le conflit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest a débuté en 2016, suite aux revendications des enseignants et des avocats anglophones. Les attaques armées qui ont éclaté en 2017 et la riposte de l’armée ont, à ce jour, entraîné plus de 6 000 morts, ainsi que des milliers de réfugiés et de déplacés internes.
Dans une interview accordée à Radio Vatican l’homme de Dieu le Révérend Akum Innocent Wefon a affirmé qu’il n’y a aucun signe de fin de cette crise. «La guerre continue, l’insécurité est endémique…Si vous pouvez compter par vous-même, cela fait huit ans et rien n’indique que cela se terminera de sitôt», a-t-il déclaré. Le Révérend Akum Innocent Wefon qui est le supérieur des Missionnaires de Mill Hill note l’impact négatif de cette crise dans le secteur économique. En plus des affrontements, il y a les déplacements et les mots d’ordre de villes mortes décrétés et imposés aux populations.
«Parfois des confinements sont décrétés pour un mois. C’est une perte énorme pour les commerçants de denrées périssables…Il y a de nombreux postes de contrôle sur la route installés par les séparatistes et les militaires. Le transport de produits agricoles principalement, d’un endroit à un autre coûte très cher, ce qui le rend peu rentable, car on dépense beaucoup d’argent pour le transport…sur le plan économique la crise a mis la zone anglophone à genoux», a déclaré le Révérend Akum Innocent Wefon.