Dans la nuit du 29 janvier 2024, vers 23h30, des habitants de Molyko, dans la ville de Buea, région du Sud-Ouest du Cameroun, ont signalé des tirs nourris, marquant une attaque violente.
La nuit a été agitée à Buea, ville capitale du Sud-Ouest, l’une des deux régions anglophones du Cameroun : un petit groupe de combattants séparatistes y a en effet fait irruption dans la nuit du 29 et 30 janvier 2024. Les insurgés s’en sont pris aux civils avant de fondre dans la nuit, non sans faire des victimes et provoquer des dégâts matériels.
Selon des sources, à Buea, le petit groupe d’assaillants a fait irruption dans la ville autour de 23 h. Ils ont ciblé les alentours du grand marché situé non loin du stade de Molyko, où quelques commerces étaient encore ouverts. Bernard Okalia Bilai, le gouverneur de la région, qui a confirmé ces informations à RFI, précise que les assaillants avaient « des armes de guerre ». Ils ont tiré sans sommation sur les populations, tuant au moins une personne et fait des blessés avant de fondre dans la nature, ajoute la même source. Les assaillants ont aussi mis le feu à des voitures stationnées là. Cinq véhicules au moins ont brûlé. L’attaque, selon les riverains, a duré à peine 10 minutes, un temps suffisant pour plonger la ville de Buea, si souvent victime des assauts des séparatistes anglophones, en plein émoi.
Cette crise a émergé de la marginalisation présumée des anglophones, représentant environ 20% de la population camerounaise, par le gouvernement central de Yaoundé. Les séparatistes réclament l’indépendance de l’Ambazonie, terme utilisé pour désigner les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
La tension persiste ce mardi à Buea, où écoles et commerces ont fermé leurs portes par crainte de nouvelles violences. Les forces de sécurité sont déployées pour rétablir l’ordre et identifier les auteurs de l’attaque. Bernard Okalia Bilai, gouverneur de la région du Sud-Ouest, a condamné cet acte qualifié de « terroriste » et a appelé la population à collaborer avec les forces de l’ordre pour dénoncer d’éventuels suspects.
Le non-respect de la consigne de « ville morte » imposée par les séparatistes en question
Leur forfait terminé, ce commando a diffusé sur les réseaux sociaux des vidéos de leur incursion. On peut y voir quelques membres du groupe énoncer en langue pidgin ce qui pourrait être le mobile de cette attaque. À savoir, le non-respect de la consigne de « ville morte » imposée par les séparatistes tous les lundis dans les deux régions anglophones en crise. Un fonctionnaire sur place témoigne du fait que les populations opposent de plus en plus de résistance à ce mot d’ordre de ville morte, à l’instar de la journée d’hier où la ville a connu l’effervescence des jours ordinaires.