Guibai Gatama, journaliste, Directeur de publication de “L’œil du Sahel”, promoteur du mouvement 10 millions de Nordistes, répond à Louis Marie Kakdeu qui a publié une tribune dans laquelle, il se demande si le grand Nord a trahit le peuple, en s’appuyant sur la tournée de Franck Biya dans cette partie du territoire.
Le fils du président de la République, Franck Emmanuel Biya, a séjourné ce week-end dans la région du Nord, où il a été accueilli en grande pompe au lamidat de Rey Bouba et a Garoua, drapé d’une échappe du Rassemblement Démocratique du peuple Camerounais (RDPC).
De nombreux analystes politiques ont vu derrière cette visite inédite du très discret fils du chef de l’Etat, une quête de l’adoubement politique des élites de cette région, pour quelqu’un qu’on présente comme potentiel successeur de son père à Etoudi, et qui n’avance toujours pas à visage découvert.
Pour le journaliste et activiste politique Guibaï Gatama, le Grand Nord commettrait une grave erreur en accordant son soutien à un autre ressortissant du Grand Sud. « La réalité est que ce ne sont pas les Nordistes qui vont introduire un autre « loup » dans la bergerie dans son « mano à mano » avec Paul Biya ». Et d’ajouter : « Le Grand-Nord attend naturellement être le Roi, débarrassé pour la circonstance du manteau de faiseurs de Roi. Nous serons Roi ou ne serons Rien. Les Nordistes ont désormais conscience de leur poids politique, de la place centrale qui est la leur dans l’espace politique du pays, des défis de développement de notre pays », soutient le coordonnateur du « Mouvement 10 millions de Nordistes ».
Voici en intégralité la chronique de Guibaï Gatama :
Franck Emmanuel Biya et le Grand-Nord
PAR GUIBAI GATAMA
Mon cher frère et ami, le Pr Louis Marie Kakdeu de l’Université de Maroua, m’a interpellé dans une tribune, au sujet de la visite du fils du chef de l’Etat, Franck Emmanuel Biya, dans la région du Nord où il a été accueilli à Rey Bouba comme un prince, accueilli à Garoua à l’occasion de la célébration des 40 ans de son père au pouvoir comme un fils de chef d’Etat; ce qu’il est. Rien de particulier. Il viendrait à l’Extrême-Nord ou dans l’Adamaoua qu’il en serait ainsi.
Mais est-ce un adoubement politique du Grand-Nord ? Non. Nous n’avons, pour l’instant, rien en commun sur le plan politique. Au nom de quoi, de quel programme politique, de quelles perspectives politiques l’aurions-nous adoubé à notre propre détriment ? La seule raison pour laquelle nous l’aurions fait, c’est s’il était porteur d’un soutien ferme au retour d’un Nordiste au pouvoir après Paul Biya, dans le cadre de la République.
Il y a chez le sahélien, et le Pr Louis Marie Kakdeu est bien placé pour en témoigner, le sens de l’hospitalité qui trompe beaucoup d’analystes politiques. Chacun est chez lui au Nord-Cameroun. Hier, c’était Fru Ndi, aujourd’hui c’est mon ami Cabral LIBII ou encore Maurice Kamto…
Notre hospitalité se transforme en ruse politique dès lors qu’il s’agit de la question du pouvoir. Fru Ndi hier, Cabral et Kamto aujourd’hui pourront toujours se réfugier derrière des fraudes pour justifier des résultats électoraux en dessous de leurs attentes dans le Grand-Nord; mais la réalité est que ce ne sont pas les Nordistes qui vont introduire un autre « loup » dans la bergerie dans son « mano à mano » avec Paul Biya.
En raison sans doute des circonstances historiques que ni son traitement politique ni son niveau de développement ne justifient, le Grand-Nord accompagne malicieusement Paul Biya jusqu’au terme de son séjour à Etoudi. Là s’arrête le « deal ».
Pour la suite, et donc pour l’après Paul Biya, le Grand-Nord attend que d’autres s’engagent également à ses côtés comme il l’aura été avec détermination aux côtés de Paul Biya. Le Grand-Nord attend naturellement être le Roi, débarrassé pour la circonstance du manteau de faiseurs de Roi. Nous serons Roi ou ne serons Rien.
Les Nordistes ont désormais conscience de leur poids politique, de la place centrale qui est la leur dans l’espace politique du pays, des défis de développement de notre pays.
Personne ne doit sous-estimer ni notre détermination démocratique ni les ressorts politiques dont nous disposons pour revenir au Pouvoir dans le cadre de la République.