« Je perds la vue. » C’est une alerte que lance Marafa Hamidou Yaya, l’ancien Secrétaire général de la Présidence de la République depuis la Prison où il croupit depuis plus d’une décennie.
Dans un entretien publié en exclusivité par Jeune Afrique, Marafa Hamidou Yaya alerte sur son état de santé et sur sa perte progressive de la vue constatée par de nombreux spécialistes et perspective en face de laquelle le président de la République n’a préféré apporter aucune réponse en dépit des correspondances qu’il lui a adressées. « Le silence du président Biya a fait dire à une ancienne ambassadrice des États-Unis au Cameroun : « Je suppose que Paul Biya attend que Marafa devienne aveugle ! C’est franchement une punition digne du Moyen Âge. Pas de l’Afrique moderne. » », indique Marafa Hamidou Yaya dans Jeune Afrique.
Pour l’ancien proche collaborateur du président Paul Biya, la question de son évacuation relève d’une extrême urgence au risque d’une atteinte irréversible de la vue. « Dans mes demandes d’évacuation sanitaire, j’ai sollicité un placement en résidence surveillée, ce qui me permettrait de recevoir une aide pour les gestes du quotidien. Comme je l’ai indiqué, tout cela est resté sans réponse », a indiqué Marafa Hamidou Yaya.
Interrogé à l’entame de l’entretien sur ce qui l’a motivé à prendre la parole seulement maintenant, Marafa Hamidou Yaya souligne la situation du pays. Aussi, il ne se trompe pas que sa sortie médiatique dans Jeune Afrique pourrait lui valoir des conditions de détention plus drastiques. « La situation de mon pays, le Cameroun, est trop grave pour que je reste silencieux. Il est de mon devoir de m’exprimer, quitte à ce que mon régime d’incarcération, déjà extrêmement strict, soit durci après la publication de cette interview. Il est probable que ce durcissement affectera mes codétenus. J’espère qu’ils me le pardonneront. »
Le septuagénaire estime que son cas n’est pas isolé. « Sous ce régime, le recours à la torture est devenu systémique », affirme Marafa Hamidou Yaya qui se dit par ailleurs « très inquiet du déclassement progressif » du Cameroun. Son idée pour réconcilier le pays ? La mise sur pied d’une sorte de Commission vérité, réconciliation et refondation afin d’exposer au grand jour, comme en Afrique du Sud après l’apartheid, les crimes et scandales d’état. S’il pense encore pouvoir aider son pays, l’ancien collaborateur de Paul Biya craint pour l’heure que son régime d’incarcération ne soit durci après la publication de cette interview.