Cameroun : les transporteurs routiers dépensent 1,5 million par voyage dans les contrôles

Un camion transportant des grumes de boisUn camion transportant des grumes de bois

Un camion transportant des grumes de bois

Les échanges commerciaux entre le Cameroun et le Gabon ne se portent pas aussi bien qu’on se serait attendu de deux pays issus d’une même zone économique (Cemac) et non moins pays voisins, à cause de nombreux obstacles rencontrés le long du trajet. C’est du moins, ce que fait savoir la Banque mondiale dans un mémorandum intitulé ‘‘Gabon : vers une croissance durable plus verte et plus inclusive’’.

« 24% des commerçants ont déclaré avoir dû verser des frais discrétionnaires aux points de contrôle le long des corridors commerciaux du pays. Par ailleurs, sur la route reliant la frontière camerounaise à Libreville, un camion peut s’attendre à être arrêté jusqu’à 44 fois », lit-on.

Dans le détail, « alors qu’il couvre les 478 kilomètres entre la frontière d’Abang Minko et la capitale gabonaise, un camion peut s’attendre à être arrêté une fois tous les 10,8 kilomètres. Le chauffeur du camion serait arrêté 25 fois par la police et la gendarmerie ; plus environ quatre fois chacun par les municipalités, les douanes et la police phytosanitaire ; et sept fois par d’autres entités», déplore la Banque mondiale.

Des incidences sur l’économie

Ces pratiques ne sont pas sans impacts négatifs sur l’économie des deux pays car les 44 postes de contrôles assurées par la police, la gendarmerie ou la douane, une trentaine entre dans le registre des tracasseries qui font perdre 1,510 million de Fcfa aux opérateurs économiques contraints de monnayer à chaque voyage. «Le coût total lié à ces pratiques est estimé à environ 14% du prix final des denrées alimentaires pour les consommateurs », précise cette institution de Bretton Woods.

L’augmentation significative des frais de transport et un retard de 15 heures par voyage viennent s’ajouter à cette liste d’entraves à la libre circulation des biens et personnes entre le Cameroun et le Gabon. Cette multiplicité des barrages le long de la route peut justifier le poids des échanges commerciaux entre les deux pays.

Par exemple, dans son rapport sur le ‘‘Commerce extérieur en 2021’’, l’Institut national de la statistique(INS) du Cameroun renseigne que le Cameroun n’a exporté que 38,9 tonnes de marchandises pour une valeur de 27,2 milliards soit les 1, 1%. En retour, 38,2 tonnes de marchandises ont été vendues au Cameroun à hauteur de 23 milliards (0,6%) de la valeur totale.

Faut-il le rappeler, le phénomène décrié ici par la Banque mondiale l’a été en juin dernier par le Pr Daniel Ona Ondo, président de la Commission de la Cemac : « J’ai fait Douala-Yaoundé-Oyem-Libreville en voiture… Il y a trop de barrages. Il faudrait qu’on lève ces barrages qui sont bloquants pour le commerce. C’est une honte pour la sous-région que le commerce interafricain soit de 4% dans la zone Cemac ».

Eco Matin

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