Les ministres de la communication, de la santé publique et le patron de la police ont fait le point de la situation hier à Yaoundé.
«Nous avons un plan de vaccination déjà prêt. Nous avons consulté le comité scientifique…, le plan de communication même est déjà arrêté. Il nous reste à remplir une condition: et d’ici sept semaines, on l’aura remplie». L’information est donnée par Manaouda Malachie. Le ministre de la Santé publique (Minsanté) est d’autant plus clair qu’il précise que «d’ici la fin de la semaine, les premières doses de vaccin pourraient même être reçues».
Confirmant une information qu’il avait déjà glissée* dans une interview publiée dans Cameroon tribune du 25 février dernier, dans laquelle il annonçait un peu plus de deux millions de dose. Le choix du Cameroun s’est porté sur le mécanisme Covax qui regroupe 92 pays. Tout porte ainsi à croire que tout est réglé pour que le Cameroun rejoigne la communauté internationale qui est en mode vaccination contre le virus de cette grippe qui décime la population mondiale.
Pourtant, jusqu’ici, Yaoundé a promu la prévention. Paul Biya s’y est d’ailleurs personnellement engagé. Un extrait du discours du président de la République à la- jeunesse le 10 février dernier est même devenu le message de transition pour les journaux parlés du poste national de la Cameroon radio television (Crvt). «L’option prise par le président de la République pour la mise en œuvre de notre Stratégie nationale de riposte, a essentiellement consisté d’une part, en la sensibilisation des Camerounaises et des Camerounais, sur la dangerosité du Covid-19, et d’autre part, en la conscientisation de tous, sur l’absolue nécessité de notre implication individuelle et collective dans le respect de l’ensemble des mesures préconisées, comme gage de l’efficacité et du succès de cette stratégie de riposte contre le Covid-19», avait déjà rappelé René Emmanuel Sadi, le ministre de la Communication (Mincom). Le Minsanté dit ne pas ramer à contre-courant du bateau présidentiel. «Le président de la République…avait prescrit qu’on se prépare pour le vaccin », soutient-il. Mais «tout dépend du rythme d’évolution de la maladie». Et à l’évidence selon le gouvernement.
«Un regain de la pandémie»
A propos, le gouvernement fait le constat d’«un regain de la pandémie, et donc, une expansion de la contamination sur l’ensemble du territoire national ». Au 25 février 2021, le pays de Paul Biya compte officiellement 35 mille 714 cas confirmés de Covid-19, 32 mille.594 personnes guéries, 551 personnes décédées, 2672 cas actifs dont 228 sous traitement dans les unités de prise en charge, et 53 compatriotes sous assistance respiratoire.
« Le Cameroun est passé de 25 738 cas positifs à la date du 23 décembre 2020, à 35 714 au 25 février 2021 ; soit une augmentation de 9 976 nouveaux cas positifs dans notre pays, en l’espace de deux mois et deux jours», analyse René Sadi. Aussi, «à la date du 23 décembre 2020, le Cameroun enregistrait un total de 446 décès, contre 551 décès, enregistrés lors de la dernière évaluation hebdomadaire, Je 25 février 2021; soit 105 cas de décès déplorés dans notre pays, au cours de la même période, c’est-à-dire, ces deux derniers mois», ajoute-t-il.
De façon précise, Malachie Manaouda souligne la situation progressive dans quelques régions au cours de la dernière semaine de février 2021: 400 nouveaux cas dans le Nord-ouest, 575 cas positifs ans le Centre contre 250 la semaine d’avant, 225 nouveaux cas à l’Ouest, 154 à l’Est, 370 dans le Littoral, 133 dans l’Adamaoua,… Par ailleurs, «en juin 2020, on avait enregistré 2028 cas en une semaine, et c’était le pic ; à fin février 2021, on en a enregistré 2152 cas en une semaine».
Une conséquence de l’indiscipline généralisée, croit comprendre le gouvernement qui avait suivi l’Organisation mondiale de la santé (Oms) dans la prescription de mesures barrières: port du masque en lieux publics, lavage régulier des mains avec de l’eau propre coulante et du savon, application du gel hydro-alcoolique, distanciation physique. Négativisme, croyances religieuses, justifient généralement l’attitude des populations.
Alors «la vigilance de tous et de chacun, reste un impératif et une exigence) voire un devoir et une obligation collectifs», prescrit le gouvernement. Face à une population qui semble ne pas toujours comprendre le message. Mais «rassurez-vous, on ne mettra pas un policier ou un gendarme derrière chaque citoyen pour qu’il respecte ces mesures-barrières», a rassuré Martin Mbarga Nguele, le délégué général à la sûreté nationale (Dgsn).
Le vaccin incontournable
Toujours est-il que le vaccin semble être la voie incontournable pour un gouvernement qui a déjà pris des dispositions dans cette perspective. «La recherche a été développée et intensifiée, en vue de la mise à disposition des vaccins, auxquels beaucoup de pays ont recours aujourd’hui, et ce, avec quelques lueurs d’espoir ici et là, en dépit des polémiques qui accompagnent la mise à contribution des vaccins cjans cette âpre lutte contre le Covid-19», assure le porte-parole du gouvernement.
Et «nous nous préparons à une éventuelle introduction de la vaccination», confirme le Minsanté qui «soutient qu’il y a eu le choix entre faire la prévention, et celui du vaccin». En clair, la prévention ayant visiblement échoué, le vaccin est incontournable. Mais « le chef de l’Etat a été clair : la vaccination ne sera pas obligatoire ; elle se fera sur la base du consentement», apaise-t-il les soupçons éventuels.
Mais en attendant, le gouvernement est passé à la vitesse supérieure en matière de prévention et de dépistage. «Tous les vols internationaux à destination du Cameroun sont systématiquement autorisés. Les visas sont suspendus et pour tout vol, les voyageurs reçoivent le visa au débarquement, délivré par le Dgsn», souligne le patron de la police. Précisant que tous les passagers sont testés et les cas positifs sont mis en confinement automatiquement. Pour le reste de la population, le Minsanté annonce que les centres de dépistage ont été multipliés afin de tester massivement.
Source: actucameroun.com