Le premier ministre a signé un décret portant revalorisation du SMIG au Cameroun. Louis-Marie Kakdeu dans une tribune publiée le 21 mars 2023, fait une analyse de cette revalorisation.
S’appuyant sur la législation internationale qui laisse la latitude à chaque secteur d’activité de déterminer son SMIG, le Premier Ministre a publié une nouvelle grille du Salaire Minimum Garanti au Cameroun ce jour. Quels enseignements faut-il en tirer?
1. Le gouvernement déclare lui-même caduc le code du travail. En effet, le PM a décidé d’ignorer le code du travail qui harmonise le SMIG au Cameroun. Cela donne raison aux partis du Centre gauche qui pensent qu’il faut porter la réforme du code du travail. C’est maintenant le lieu de l’inscrire à l’agenda politique au Cameroun.
2. Le mouvement social paie. Après l’expression du « mauvais cœur » du Ministre du travail ayant imposé de façon unilatérale le SMIG à environ FCFA 41000, les confédération syndicales membres du CAWOF ont maintenu la pression. Cela a payé. Un mouvement de « Lundi en noir » avait été lancé à partir du 15 mars pour exiger le SMIG à FCFA 60000.
Les employés de certaines entreprises agro-industrielles dont les salaires minimaux tournaient autour de FCFA 24000 avaient suivi le mot d’ordre ainsi que ceux du secteur privé dont les patrons acceptaient déjà de payer FCFA 60000. Ils ont eu gain de cause. Seuls ceux du secteur public qui disent Ayop Ayop n’ont rien eu. J’espère qu’ils comprendront à présent que la lutte sociale est pour TOUS.
C’est d’ailleurs pour cela qu’il faut continuer de lutter et de faire monter la pression puisqu’il ne saurait avoir de discrimination dans la rémunération des travailleurs au Cameroun. En tout cas, les mouvements de Gauche et de Centre gauche ont cette responsabilité de défendre l’équité salariale.
3. Une contradiction avec la grille précédemment publiée par le Chef de l’État? Oui et non. Le Président de la République avait publié une nouvelle grille des salaires catégoriels ne tenant pas compte du SMIG de FCFA 41 850. En effet, la première catégorie dans la fonction publique ne doit pas correspondre au SMIG comme l’a fait le Chef de l’État. Elle doit être au-dessus du SMIG dans la mesure où tous les salariés du secteur public ne sont pas qualifiés.
Si pour le Chef de l’État le plus bas salaire du personnel qualifié de l’État est de 41000 FCFA (SMIG), alors cela signifie que le secteur public continuera à payer les employés non qualifiés à moins de 41000, ce qui est illégal de nos jours. Cela signifie que le Président de la République doit purement et simplement revoir sa grille. Il doit rapporter son décret. Le PM vient même d’augmenter FCFA 25 au SMIG, ce qui au-delà de la contradiction montre que nos amis du gouvernement doivent faire preuve de cohérence.
4. Au Cameroun, les salaires sont extraordinairement bas du fait du mauvais cœur du gouvernement. Si l’on maintient la pression, alors il y aura augmentation des salaires. Nos amis du secteur public doivent désormais avoir le bon sens et suivre les mouvements sociaux.
Depuis un moment, je défends que le combat politique, le vrai, doit se faire sur le front social. Il est de notre responsabilité politique de porter ces causes pour l’amélioration des conditions de vie et du pouvoir d’achat de nos concitoyens.
C’est désormais ce qui occupe mon temps.
Louis-Marie KAKDEU
Membre du Shadow cabinet SDF
Économie, Finances & Commerce