Discours de fin d’année du chef de l’État à la nation ce 31 Décembre 2020

PAUL BIYAPAUL BIYA

PAUL BIYA

MESSAGE DU CHEF DE L’ETAT A LA NATION

A l’occasion de la fin d’année 2020

et du Nouvel An 2021.

Yaoundé, le 31 décembre 2020

Camerounaises, Camerounais,

Mes chers compatriotes,

Vous  comprendrez,  j’en  suis  sûr,  que  je  commence  ce message  traditionnel  en  vous  parlant  de  l’irruption,  sur  notre planète,  de  la  pandémie  du  corona  virus.  A  cet  égard,  l’année 2020 restera certainement dans les mémoires comme une année sombre, marquée par des centaines de milliers de morts à travers le monde.

Comme  la  quasi-totalité  des  pays,  le  Cameroun  a  été touché.  Peut-être  moins  gravement  que  d’autres  Etats.  Malgré nos  efforts,  le  COVID-19  a  endeuillé  de  nombreuses  familles  et provoqué  de  graves  difficultés  dans  le  fonctionnement  de  notre économie et de notre société.

Je  saisis  cette  occasion  pour  saluer  de  nouveau  le dévouement  de  nos  médecins,  infirmiers  et,  de  façon  générale, de  notre  personnel  de  santé,  grâce  auquel  de  nombreuses  vies ont pu être sauvées et continuent de l’être.

Il  est  peut-être  trop  tôt  pour  essayer  de  tirer  les  leçons  de ce  douloureux  épisode  qui,  d’ailleurs,  se  poursuit.  Est-il nécessaire  de  rappeler  que  l’actuelle  pandémie  n’est  pas  la première  et  que  l’Histoire  nous  a  appris  que  des  épidémies  ontanéanti des populations entières : la plus récente s’étant déclarée au lendemain de la Première Guerre mondiale.

Faut-il  y  voir  la  responsabilité  de  l’homme,  coupable d’exploiter  sans  modération  les  ressources  naturelles  de  la planète  et  de  se  livrer  sans  cesse  à  des  conflits  générateurs  de massacres  et  de  maladies,  ainsi  qu’à  des  expériences  pour développer  des armes nouvelles ?  La  question  doit,  je  crois, être posée. Quelle que soit la réponse, c’est le mérite de notre époque d’avoir  clairement  soulevé  le  problème  de  la  relation  entre l’homme  et  son  milieu  naturel.  C’était,  me  semble-t-il,  l’objectif de  la  Conférence  de  Paris  sur  le  réchauffement  climatique  dont les recommandations restent d’actualité.

Quoi  qu’il  en  soit,  nous  ne  devons  pas  pour  autant  dormir sur  nos  lauriers.  J’ai  personnellement  constaté  que  la  plupart  de nos  concitoyens  ne  respectent  plus  les  mesures  de  protection édictées par le Gouvernement.

Au moment où, partout ailleurs, l’on constate une deuxième vague de l’épidémie,  couplée  à  l’apparition d’une nouvelle souche du  virus  plus  contagieuse,  je  vous  exhorte  de  nouveau  à  porter vos  masques,  à  vous  laver  régulièrement  les  mains  et  à  faire appel à un médecin  ou à tout  autre  personnel de santé  au cas où des  symptômes  apparaissent.  C’est  le  seul  moyen  de  préserver les vies et de freiner la propagation du virus.

Mes chers compatriotes,

L’attention que nous avons dû porter à la situation sanitaire ne  nous  a  pas  empêchés  de  nous  consacrer  aux  autres  tâches essentielles liées à la gestion de notre pays, c’est-à-dire :

–  assurer  la sécurité et la paix sur toute l’étendue de notre territoire national ;

–  consolider notre processus démocratique,

–  enfin,  poursuivre  la  réalisation  de  notre  programme  de développement  sur  les  plans  économique,  social  et culturel.

Depuis quelques années, notre pays fait face à des menaces venant  de  l’extérieur,  notamment  à  notre  frontière  orientale  et dans la partie septentrionale de notre territoire.

Dans le premier cas, il s’agit de bandits de grands chemins,attirés par des proies faciles que constituent de paisibles éleveurs et leurs troupeaux. 

Dans  le  second,  ce  sont  désormais  des  raids  isolés  de  Boko  Haram  ou  des  tentatives  d’attentats-suicides  confiés  à  des adolescents.  La  vigilance  et  l’action  efficaces  de  nos  forces  de défense et de sécurité ont fait diminuer sensiblement les actes de ces criminels.

La situation est différente dans nos régions du Nord-Ouest et du  Sud-Ouest  où  des  groupes  armés,  entretiennent  un  climat  de terreur  et  d’insécurité.  C’est  ainsi  que,  périodiquement,  ils attaquent  des  communautés  isolées  et  également  des établissements  d’enseignement  pour  dissuader  les  parents  d’y envoyer  leurs  enfants.  La  liste  est  déjà  longue  des  exactions  et des crimes qu’ils ont commis. L’un des  plus odieux  est celui qui a eu lieu récemment à Kumba  et qui s’est soldé par la mort de 07 écoliers et des blessures infligées à plusieurs autres.

Ce  crime  qui  choque  la  conscience  humaine,  ne  restera  pas impuni.  Tous  les  coupables  seront  recherchés  sans  relâche,  et traduits  devant  la  justice.  D’ores  et  déjà,  l’opinion  publique,  et particulièrement  celle  de  nos  deux  régions  concernées,  peut  se rendre  compte,  si  ce  n’est  déjà  fait,  que  ces  soi-disant «sécessionnistes »  ne  sont  en  réalité  que  des  assassins,  et  qui plus est, des assassins d’enfants  innocents.  C’est peu dire que la tuerie de Kumba a suscité l’indignation générale.

C’est le moment pour moi d’en appeler, une fois de plus, à la responsabilité des pays amis qui hébergent les commanditaires et des organisations qui financent et animent, par divers canaux, les bandes armées dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Tous  ceux  qui,  au  terme  des  enquêtes,  seront  identifiés  comme donneurs  d’ordres  ou  complices  de  ces  crimes  odieux,  devront répondre de leurs actes.

Pourtant, notre Gouvernement n’a jamais cessé d’apporter la preuve  de  sa  volonté  d’ouverture  et  de  dialogue  en  libérant  par exemple  de  nombreux  ex-sécessionnistes  et  en  facilitant  leur réinsertion dans la société.

D’autre part, après la tenue du Grand Dialogue National, il a accéléré  la  mise  en  œuvre  d’une  ambitieuse  politique  de décentralisation  qui  comporte  notamment,  pour  nos  régions  du Nord-Ouest  et  du  Sud-Ouest,  l’accession  à  un  statut  spécial tenant compte de leurs spécificités et de leurs aspirations.

J’exhorte  de  nouveau  les  jeunes  enrôlés  dans  les  bandes armées  à  sortir  de  brousse  et  à  regagner  les  centres  de Désarment,  Démobilisation  et  Réintégration  (DDR)  afin  deretrouver,  comme  leurs  autres  jeunes  compatriotes,  une  vie normale.

L’insécurité dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest n’a  que  trop  porté  préjudice  à  notre  pays.  Notre  démocratie permet l’expression pacifique de toutes les opinions,  mais  dans le respect  des  lois  et  règlements.  Sinon,  la  paix  et  la  stabilité seraient menacées.

C’est  le  lieu  de  se  féliciter  de  l’attitude  patriotique  de  ceux  de  nos  concitoyens  du  Nord-Ouest  et  du  Sud-Ouest  qui,  non seulement,  coopèrent  de  plus en  plus  avec les  forces  de  défense et  de  sécurité,  mais  aussi  entreprennent  de  luttercourageusement  contre  ces  bandes  armées.  Ils  ont  pris conscience  que  ces  gens-là  n’agissent  pas  dans  l’intérêt  des populations.

Je voudrais également saluer ici la bravoure de nos forces de défense  et  de  sécurité  qui  n’ont  pas  failli  à  leur  devoir  de protection  de  l’intégrité  du  territoire  nationale,  des  personnes  et des biens. Elles méritent le respect et  la considération de tous. Je les encourage à persévérer et à demeurer une force républicaine,respectueuse des droits humains.

Par  ailleurs,  l’on  doit  regretter  que  quelques-uns  de  nos compatriotes,  regroupés  autour  d’une  personnalité  dont  les ambitions  avaient  été  déçues  lors  de  la  dernière  élection présidentielle,  aient  profité  des  difficultés  sécuritaires  et sanitaires  pour  tenter  de  susciter  une  insurrection,  faussement appelée  « marches  pacifiques ».  Grâce  à  la  maturité  du  peuple camerounais, ces marches ont heureusement été peu suivies.

Est-il  vraiment  nécessaire  de  rappeler  qu’en  démocratie, l’accès  aux  responsabilités  politiques  est  assuré  par  la  voie  des urnes  et  non  par  la  rue,  par  certains  médias  ou  par  les  réseaux sociaux ?

C’est  précisément  le  cas  au  Cameroun  où  le  processus démocratique  se  déroule  selon  les  dispositions  de  notre

Constitution  et  selon  les  règles  fixées  par  nos  lois.  La  période

récente en a donné un bon exemple : 

–  en mars 2018, le mandat des sénateurs est renouvelé ;

–  en  octobre  2018,  le  Chef  de  l’Etat  est  élu  avec  une  très large majorité ;

–  en  février  2020,  des  élections  législatives  ont  lieu, assurant  au  Gouvernement  une  majorité  confortable  à

l’Assemblée Nationale ;

–   à  la même date, les élections municipales mettent fin au système des délégués du gouvernement dans  les grandes

villes, désormais gérées par des maires élus ;

–  en  décembre  2020,  les  élections  régionales  viennent  de compléter  les  dispositions  prévues  dans  le  processus  de décentralisation.

Ainsi  se  confirme,  chaque  jour  davantage,  notre  volonté politique  de  mener  à  bien  le  projet  démocratique  répondant  aux souhaits  véritables  du  peuple  camerounais,  projet  initié  dès  mon accession  à  la  magistrature  suprême  et  qui  a  conduit,  quelques années plus tard, à l’institution du multipartisme.

A ceux qui critiquent les imperfections de notre  démocratie, je  réponds  que  nous  n’avons  eu  que  quelques  décennies  pour  la mettre  en  place.  Les  grands  pays  démocratiques,  de  leur  côté, n’y  sont  parvenus  qu’au  terme  de  plusieurs  siècles  marqués  par des  révolutions,  des  guerres  civiles  et  même  des  épisodes  de dictature.

Pour  ma  part,  je  suis  bien  conscient  de  tout  ce  qui  reste  à faire.  Mais  j’ai  la  conviction  que  nous  sommes  sur  la  bonne  voie et  que  bientôt,  nous  pourrons  tous  être  fiers  de  nos  avancées démocratiques.

Mes chers compatriotes,

Il  faut  bien  reconnaître  que  le  contexte  international  –notamment  la  pandémie  du  corona  virus  et  la  baisse  de  la  croissance  mondiale  –  n’a  pas  facilité  la  bonne  tenue  de  nos finances  publiques  et  de  notre  économie  au  cours  de  l’année  qui s’achève.

Tout en maintenant nos objectifs de croissance, nous avons dû prendre des mesures de consolidation budgétaire et de soutien à  l’économie  afin  de  passer  ce  cap  difficile  et  de  rendre  possible une politique de relance en 2021.

C’est  ainsi  qu’il  a  été  décidé  de  finaliser  les  projets  qui concernent  le  Championnat  d’Afrique  des  Nations  2021  et  la Coupe  d’Afrique  des  Nations  de  Football  2022,  de  poursuivre  la mise en œuvre des plans de  reconstruction et de développement  des  régions  du  Nord-Ouest  et  du  Sud-Ouest  ainsi  que  de l’Extrême-Nord.

Malgré  ces  efforts,  il  est  prévisible  que  notre  taux  de croissance,  qui  s’était  stabilisé  autour  de  4  %  au  cours  des dernières  années,  subisse  une  nette  érosion  en  2020  et  que l’inflation  reparte  légèrement  à  la  hausse.  L’impact  du ralentissement  de  l’économie  mondiale  et  l’évolution  de  notre situation  nationale,  notamment  en  ce  qui  concerne l’augmentation  des  dépenses  de  sécurité,  y  ont  sans  doute contribué.

Néanmoins, il apparaît qu’en dépit des difficultés, l’économie  camerounaise a conservé une certaine capacité de  rebond. Grâce à  l’appui  de  nos  partenaires  internationaux  et,  dans  l’hypothèse d’un  recul  de  la  pandémie,  il  est  alors  permis  de  penser  qu’une reprise est possible dans les mois à venir.

Dans  cet  esprit,  je  voudrais  maintenant  appeler  votre  attention sur le lancement récent de notre Stratégie Nationale de Développement  (SND)  qui  remplace  le  Document  de  Stratégie  pour la Croissance et l’Emploi (DSCE) arrivé à son terme.

La  Stratégie  Nationale  de  Développement  définit  les  grands axes  de  notre  planification  jusqu’en  2030.  Ce  document  tire  les leçons  des  expériences  passées  et  fixe  de  nouveaux  objectifs pour  la  décennie  à  venir,  notamment  une  transformation  structurelle de notre économie et un développement inclusif.

Il  conviendra  donc  de  passer  à  la  vitesse  supérieure  pour lutter contre la pauvreté, le chômage et la persistance du secteur informel.  Il  faudra  également  s’efforcer  d’atteindre  un  taux  de  croissance de 8 % en procédant à une transformation structurelle de  notre  économie  et  en  améliorant  l’efficacité  de  la  dépense publique. Ainsi, nous conserverons toutes les chances de parvenir à l’émergence à l’horizon 2035.

Bien  entendu,  nous  poursuivrons  par  ailleurs  la  mise  en œuvre  de  notre  politique  de  développement  social  qui  a  été définie au début du septennat en cours, qu’il s’agisse de l’emploi des jeunes, de l’éducation, de la santé et de la famille.

Telles  sont,  mes  chers  compatriotes,  les  grandes  lignes  de l’action  que,  malgré  les  difficultés,  le  Gouvernement  s’est employé à mettre en œuvre au cours des derniers mois et qu’il va poursuivre  dans  les  prochaines  années.  Celles-ci  seront  cruciales pour notre marche vers l’émergence.

J’ai  la  conviction  que  nous  pourrons  atteindre  nos  objectifs, à condition que nous acceptions de faire les efforts nécessaires et d’entreprendre les réformes indispensables.

Camerounaises, Camerounais,

Mes chers compatriotes,

L’année  qui  s’achève  n’a  pas  été  une  année  facile.  Nous avons  dû  relever  de  nombreux  et  importants  défis.  Nous  devons rester,  comme  par  le  passé,  unis  et  déterminés.  Le  peuple camerounais a toujours montré qu’il était à la hauteur des enjeux qui le concernent. Il faut s’en féliciter.

Bonne et heureuse année, à toutes et à tous.

Vive la République !

Vive le Cameroun !

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