Des manuels scolaires agréés des classes de primaire , mais interdits à la vente sont commercialisés dans diverses librairies, notamment à Yaoundé. «Je cherchais le livre de mathématiques de CE1 de mon fils et je suis allée à Acacias pour en acheter. Sur place, je me suis rendue compte que toutes les librairies avaient le livre, mais avec la mention “Coopération Cameroun-Banque mondiale manuel gratuit” gravée dessus. J’ai cherché un livre qui n’avait pas cette mention, mais je n’en ai pas trouvé. J’ai dû me résoudre à en prendre un avec cette mention», raconte une parente d’élève.
Cette dernière affirme avoir acheté ledit livre à un peu plus de 2 000 FCFA. Outre la mention susmentionnée bien lisible sur cet ouvrage scolaire, il y est également écrit que «ce manuel est la propriété du Cameroun» et que sa vente, par conséquent, est interdite. Ce livre de CE1 n’est cependant pas le seul à être commercialisé. Des livres de français, d’anglais et de mathématiques du niveau 1 (Sil-CP/Class 1-Class 2) et du niveau 2 (CE1-CE2/Class 3-Class 4), frappés de la mention «Gratuit», sont également vendus sur le marché.
Ces livres dits essentiels font partie des lots de manuels scolaires distribués gratuitement aux écoles primaires publiques depuis 2020 par le ministère de l’Éducation de base (Minedub). Une distribution qui s’inscrit dans le cadre du Programme d’appui à la réforme de l’éducation au Cameroun (Parec), financé par la Banque mondiale. Selon le Parec, ces livres sont distribués aux établissements et conservés dans les locaux de l’école, pour un usage exclusif au sein des campus scolaires qui en assurent la gestion. Comment comprendre donc qu’ils soient en vente libre dans des librairies ?
«Beaucoup d’écoles ont été cambriolées et des manuels gratuits ont été volés. On s’est dit que si on vient voler des manuels gratuits, c’est pour que ça se retrouve sur le marché. Il y a eu plusieurs descentes au cours desquelles on a récupéré certains ouvrages », confient à SBBC des sources au sein du Parec. Les ouvrages scolaires ayant la mention «Gratuit» actuellement en vente sur le marché proviendraient donc de ces cambriolages, à en croire nos sources.
«La vente est interdite, c’est bien écrit sur le manuel. Le Parec est en train de prendre un numéro vert qu’on va mettre à la disposition du public. En attendant, les parents peuvent écrire en message privé sur la page Facebook du Parec pour dénoncer ces cas de vente. Ceux qui ont acheté les livres doivent être remboursés par les libraires en question », indique-t-on du côté de ce projet qui vise à promouvoir l’apprentissage pour tous au Cameroun.
SBBC