Emmanuel Macron se félicite qu’Alger aide à « la diversification » de l’approvisionnement de gaz en Europe

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Au deuxième jour de sa visite en Algérie, le président français Emmanuel Macron a salué l’aide “à la diversification” des approvisionnements en gaz de l’Europe, apportée par Alger. L’économie nord-africaine a notamment augmenté ses exportations vers l’Italie.

Le Président français, Emmanuel Macron, s’est rendu, vendredi, deuxième jour de sa visite en Algérie, au cimetière européen de Saint-Eugène, dans la banlieue d’Alger, le principal cimetière de la capitale algérienne du temps de la période coloniale française.

Répondant aux questions des journalistes après avoir déposé une gerbe devant le monument aux « Morts pour la France » lors de la première guerre mondiale, le chef d’état français a évoqué un grand nombre de sujets d’actualité.

– La question du gaz algérien

Interrogé sur une éventuelle volonté de sa part, à travers cette visite en Algérie, d’augmenter l’approvisionnement français de gaz naturel depuis l’Algérie, le chef d’État français a déclaré que “la France dépend peu du gaz, dans son mix énergétique : 20%, c’est très peu, et dans cet ensemble que représente le gaz, l’Algérie représente 8 à 9 %, donc nous ne sommes pas dans la situation de nombreux pays pour qui le gaz algérien peut changer les choses”, a-t-il estimé.

Il a ajouté que Paris et Alger vont “consolider” la coopération “dans les mois qui viennent”, réitérant néanmoins que cette “coopération franco-algérienne n’est pas de nature à changer la donne sur ce sujet”, c’est-à-dire de permettre à la France de suffisamment diversifier des sources d’approvisionnement en hydrocarbures (gaz naturel et pétrole), dans un contexte de tensions marquées et de sanctions réciproques entre l’Union européenne (UE) et la Russie, l’une des plus grandes sources d’approvisionnement en gaz naturel pour l’UE.

Il est à rappeler que l’Algérie fait partie des dix plus grands producteurs d’hydrocarbures au monde, notamment de gaz naturel.

Interrogé sur l’amplification des exportations de gaz depuis l’Algérie vers l’Italie, le président français a estimé que “c’est une très bonne chose d’avoir une coopération accrue et plus de volume à travers le gazoduc [algéro]-italien”.

“On n’est pas en compétition avec l’Italie”, a-t-il souligné. Et le président français de “remercie[r] l’Algérie qui vise à augmenter ses volumes [destinés] à l’Italie : c’est bon pour l’Italie, donc c’est bon pour l’Europe, donc c’est bon pour nous”, a-t-il estimé, soulignant que la France “ne va pas avoir de problème cet hiver parce qu’on dépend peu du gaz” et qu'”on a sécurisé nos volumes”, rappelant que son pays “est à plus de 90 % de ses stocks” de gaz pour l’hiver, ce qui, selon les spécialistes devrait représenter près d’un quart de la consommation annuelle de gaz pour l’Hexagone.

Réitérant sa position sur la question de la diversification des sources d’approvisionnement en gaz, il a estimé qu’il s’agit d'”une question européenne, davantage que française”.

Lors d’un sommet algéro-italien le 19 juillet dernier, Alger avait annoncé une nouvelle augmentation d’ici à la fin de l’année de ses livraisons de gaz à l’Italie via le gazoduc Transmed, dont elle est devenue le premier fournisseur devant la Russie, à la suite de la guerre en Ukraine.

Le chef d’État français a également exprimé la volonté de la France d'”engager avec l’Algérie, une consolidation du partenariat qui existe entre nos grands industriels”, citant notamment le partenariat entre TotalEnergies et Sonatrach, les deux plus grandes compagnies respectives des deux pays, dans le secteur des hydrocarbures.

– Question de la migration

Interrogé sur les questions liées à la migration, Emmanuel Macron a estimé qu’il est nécessaire pour la France d'”avoir une politique qui permet de lutter contre l’immigration clandestine et les réseaux” de passeurs, soulignant le besoin de “travailler ensemble dans ce sens” avec l’Algérie, riveraine de la Méditerranée.

Concernant les visas octroyés aux citoyens algériens, Emmanuel Macron a déclaré que la France “souhaite avoir une approche plus souple pour une immigration choisie et réduire les délais de réponse”, soulignant qu'”il y avait beaucoup plus de visas qui étaient accordés [aux Algériens] il y a 5 ans”.

Il a, par ailleurs, estimé que la France devra être “plus proactive pour les familles de binationaux et les migrations choisies”.

Il a souligné que “c’est un dossier sur lequel on a longuement parlé hier jusqu’au milieu de la nuit avec le Président [algérien Abdelmadjid Tebboune] et sur lequel nous avons mandaté nos ministres et qui va avancer dans les prochaines semaines et prochains mois”.

Jeudi soir, lors d’une conférence de presse conjointe avec le Président algérien Abdelmadjid Tebboune, Emmanuel Macron avait exprimé sa volonté de “déployer une mobilité choisie pour nos artistes, nos sportifs, nos entrepreneurs, nos universitaires, nos scientifiques, nos associatifs, nos responsables politiques, permettant justement d’une rive à l’autre de la Méditerranée, de bâtir davantage de projets communs”.

– Une visite de trois jours

Le président français, Emmanuel Macron a entamé, ce jeudi, une visite officielle de trois jours en Algérie, à l’invitation de son homologue, Abdelmadjid Tebboune.

La visite du chef d’État français, est destinée à “refonder” la relation bilatérale avec l’Algérie, selon l’Élysée, notamment à apaiser les tensions mémorielles entre les deux pays.

Il s’agit de la deuxième visite officielle d’Emmanuel Macron en Algérie, après une première visite en décembre 2017, au début de son premier quinquennat.

Cette dernière visite coïncide avec le 60e anniversaire de la fin de la guerre d’Indépendance de l’Algérie et de la proclamation de son indépendance en 1962, mais également avec l’objectif pour la France et l’Union européenne de diversifier et renforcer leurs partenariats dans l’approvisionnement en hydrocarbures, alors que la guerre en Ukraine se poursuit depuis six mois.

Selon des sources gouvernementales citées par la presse française, malgré la présence de Catherine MacGregor, directrice générale d’Engie, une des principales compagnies énergétiques françaises, aucun contrat d’approvisionnement énergétique ne devrait être signé entre les deux pays, au cours de cette visite.

Lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune, après un entretien en tête-à-tête de plus de deux heures, Emmanuel Macron a annoncé, jeudi soir, que les deux Présidents ont décidé de “mandater ensemble une commission mixte d’historiens, ouvrant nos archives et permettant de regarder l’ensemble de cette période historique qui est déterminante pour nous, du début de la colonisation à la guerre de libération, sans tabou, avec une volonté de travail libre, d’accès complet à nos archives”.

Il est à noter que l’historien Benjamin Stora, fait également partie de la délégation française de 90 personnes accompagnant Emmanuel Macron lors de cette visite d'”amitié”.

Stora est un spécialiste de la période coloniale française et de la guerre d’Algérie, et l’auteur d’un rapport demandé par le président Emmanuel Macron sur “la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie”, en vue de favoriser “la réconciliation entre les peuples français et algérien”.

AA / Paris / Umit Dönmez

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