Il y a tout juste un an, l’immense saxophoniste disparaissait à l’âge de 86 ans. Le Camerounais était la première célébrité mondiale victime du Covid-19.
Ce 24 mars 2021, le monde entier rend hommage au musicien camerounais le plus populaire dans le monde entier.
Manu Dibango, surnommé Papagroove ou Papa Manu, est un saxophoniste et chanteur camerounais de world jazz. L’homme est né le 12 décembre 1933 à Douala. Le 24 mars 2020 il est mort à Melun, des suites coronavirus. C’est donc à lui, que le monde entier rend hommage ce mercredi 24 mars 2021. De l’avis de plusieurs observateurs de notre landerneau, l’artiste a eu une vie accomplie, mais surtout un riche parcours.
Des hommages avaient été rendus par écrit au musicien camerounais : ses collègues artistes, des chefs d’Etats d’Afrique et d’ailleurs, personne n’avait été indifférent au décès de Papy Grove. En ce triste souvenir, le journal gouvernemental Cameroon Tribune a consacré sa grande Une à l’illustre saxophoniste reconnu à l’échelle mondiale.
« Tonton Manu est une star mondiale. Et être une star mondiale quand tu arrives de Douala, c’est un sacré chemin », résume son ami Yannick Noah, lui aussi originaire du Cameroun.
« Manu Dibango est sans aucun doute le musicien camerounais le plus connu dans le monde. Son registre varié et éclectique fait de lui le musicien africain le plus constant et plus productif de ces cinquante dernières années. Rire unique, crâne rasé, lunettes noires, saxophone, voilà entre autres ce qui nous vient à l’esprit lorsqu’on évoque le nom Manu Dibango », analyse Arol Ketch, un blogueur camerounais.
Mais depuis le départ du père du Soul Makossa, des obsèques à la hauteur de l’homme n’ont pas été organisées, covid-19 oblige! Au mois de juillet 2020, sa famille annonçait des poursuites judiciaires à l’encontre des personnes qui essaieront d’organiser des cérémonies d’hommages en l’honneur du disparu. Pour preuve, les proches du Grand Manu avait remporté le procès qui les opposait au chanteur Papillon, pour l’exploitation des images du saxophoniste à des fins publicitaires et commerciales dans les médias.
Biographie de Manu Dibango
Né en 1933 au Cameroun, Manu Dibango est envoyé en France par ses parents à l’adolescence pour y poursuivre ses études, et il s’initie alors à la mandoline et au piano. Le célèbre artiste camerounais Francis Bebey, qu’il rencontre lors d’un camp de vacances, lui apprend aussi les bases du jazz et le saxophone. Ils forment un groupe ensemble et donnent quelques représentations. Après son échec au bac en 1956, et alors que son père le laisse tomber, Manu Dibango part en Belgique se produire dans des cabarets, notamment fréquentés par la communauté congolaise, si bien que son jazz évolue vers des sons africains. Il rencontre à cette époque le mannequin Coco qu’il épouse en 1957, et Le Grand Kalle qui l’engage dans l’orchestre African Jazz, ce qui le conduit à enregistrer plusieurs disques à succès en Afrique et à partir en tournée au Zaïre en 1961. En 1962, Manu Dibango prend alors la gérance d’un club à Léopoldville et sort “Twist à Léo”, avant d’ouvrir son propre établissement au Cameroun en 1963, mais cette entreprise se solde par un échec.
Après son retour en France en 1965, Manu Dibango crée son Big Band en 1967 et participe aux émissions “Pulsations” où il rencontre Dick Rivers et Nino Ferrer, pour qui il sera musicien quelque temps, avant de sortir l’album “Saxy party” en 1969 lui permettant de renouer avec son public africain. En 1972, la chanson “Soul Makossa”, succès mondial repris par la suite par Michael Jackson puis Rihanna, emmène Manu Dibango en tournée internationale. Artiste reconnu, Manu Dibango dirige pendant plusieurs années l’orchestre de la Radio Télévision ivoirienne et sort différents albums dont “Home made” en 1978, “Waka Juju” en 1982 et “Afrijazzy” en 1986, tout en collaborant avec de nombreux artistes comme Gainsbourg et Paul Personne. En 1988, il publie son autobiographie “Trois kilos de café”.
Depuis les années 1990, Manu Dibango poursuit les enregistrements avec succès, dont “WakafriKa” en 1992, “Négropolitaines” dont le 2e volume lui vaut une Victoire de la musique, “Lamastabastani” en 1996 et “Kamer feeling” en 2001. En 2010, Manu Dibango se voit décerner la Légion d’honneur et en 2019, remonte sur scène pour une tournée anniversaire, célébrant ses 60 ans de carrière. Aussi attaché aux valeurs ancestrales, Manu Dibango range son saxophone le 24 mars 2020 à l’âge de 86 ans, emporté par la terrible pandémie du covid-19 qui n’épargne personne.
Un artiste ne meurt jamais, il vit au travers de ses œuvres !