L’arrêté du Préfet Emmanuel Mariel Djikdent qui menace d’interdire de séjour dans le département du Mfoundi toute personne appelant au soulèvement contre les institutions, a interpellé l’organisation non gouvernementale.
Human Rights Watch (HRW) a déclaré mardi l’arrêté émis le 16 juillet dernier par le préfet du Mfoundi, Emmanuel Mariel Djikdent, visant à restreindre le droit de séjour dans le département pour toute personne accusée de troubler l’ordre public ou de proférer des critiques graves à l’égard des institutions et de leurs représentants, dont le président Paul Biya. Cette mesure suscite une vague d’indignation parmi les acteurs politiques et les défenseurs des droits humains au Cameroun. Selon HRW, cet arrêté constitue une garantie d’une atteinte à la liberté d’expression, un droit fondamental par le droit international des droits de l’homme.
« Ces annonces sont les dernières en date d’une série de décisions gouvernementales préoccupantes et manifestement destinées à museler l’opposition et la dissidence à l’approche des élections présidentielles de 2025 », a écrit HRW. Human Rights Watch souligne que selon le droit international relatif aux droits humains, le droit à la liberté d’expression ne peut être restreint que pour certains motifs limités, tels que la sécurité nationale ou la protection des droits d’autrui. Même dans ces cas, les restrictions doivent être nécessaires, proportionnées et non discriminatoires. « L’arrêté du 16 juillet inclut des dispositions qui ne répondent pas à ces principes et pourrait être invoqué pour violer les droits et s’en prendre aux voix dissidentes », a déclaré l’organisation.
L’arrêté du préfet du Mfoundi a déjà été condamné par plusieurs acteurs politiques, dont Cabral Libii du PCRN, Maurice Kamto, du MRC, et le Conseil de l’Ordre des avocats du Cameroun, qui le considère comme une violation manifeste de la Constitution du Cameroun et des libertés fondamentales des citoyens. En réponse aux critiques, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, René Emmanuel Sadi, a dans un communiqué affirmé que les Camerounais peuvent exprimer librement leurs opinions. HRW appelle ainsi les autorités camerounaises à abroger cet arrêté et à respecter pleinement les droits à la liberté d’expression et à la participation politique de tous les citoyens.