Le Cameroun veut étendre la méthode « kangourou » à l’échelle nationale, expérimentée depuis quelques années dans le pays comme alternative aux couveuses pour réduire la mortalité précoce du nourrisson.
« Elle doit se poursuivre, se renforcer et s’étendre pour une couverture totale et complète de notre pays, afin d’assurer la survie et le développement harmonieux de nos bébés en milieu urbain et rural », a déclaré le ministre de la Santé publique (Minsanté), Manaouda Malachie. Il s’exprimait à cet effet lors du lancement de la Journée internationale de la prématurité et des activités du mois de la prématurité au Cameroun le 17 novembre dernier à Yaoundé.
Recommandée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la méthode « kangourou » consiste à mettre peau contre peau le nouveau-né prématuré (c’est-à-dire né avant 37 semaines de grossesse) ou en insuffisance pondérale avec son parent. Il est démontré que cette méthode réduit la mortalité, les maladies graves, les infections, la durée des hospitalisations, favorise l’allaitement maternel et renforce le lien affectif entre la mère et l’enfant, affirme Eveline Kameni, infirmière. Les autorités sanitaires assurent que cette technique de soin a prouvé son efficacité dans le pays. Selon Manaouda Malachie, sur 1 525 nouveau-nés prématurés et de faible poids de naissance reçus dans les « unités mères kangourou », 1 221 ont survécu grâce à cette méthode. « Soit un taux de réussite de 80% », dit-il.
Face à ces résultats, le gouvernement veut répliquer cette méthode « simple, facile à pratiquer et peu coûteuse » à tout le pays. Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) accompagne le gouvernement dans la mise à échelle de celle-ci. L’Unicef vient à cet effet de remettre au Minsanté des équipements médicaux de prise en charge des nouveau-nés d’une valeur de 100 000 dollars (près de 60 millions de FCFA) destinés au Centre mère et enfant de la Fondation Chantal Biya. Ce centre accueille plus de 3 000 prématurés chaque année, dont 70 % sont des grands prématurés dont les besoins en oxygène sont considérables, indique son directeur, Pr Paul Nkoki Ndombo.
Selon Belise Ngum, spécialiste de la santé à l’Unicef, la prématurité constitue un problème de santé publique majeur au Cameroun. En effet, 28 bébés décèdent pour 1 000 naissances vivantes, ce qui équivaut à un ratio de 3 nouveau-nés sur 10 qui meurent des suites des complications de la prématurité, dit-elle en se basant sur les statistiques officielles. C’est dire que la mortalité néonatale reste encore élevée dans le pays, malgré les avancées thérapeutiques et le relèvement du plateau technique. Le Minsanté reconnaît que le pays doit encore fournir des efforts s’il veut ramener la mortalité néonatale à 12 décès pour 1 000 naissances vivantes d’ici 2030, conformément à l’exigence de l’Objectif de développement durable (ODD) 3.2. Et pour y parvenir, le pays mise sur la méthode « kangourou » afin d’améliorer les chances de survie des prématurés.
SBBC