Dans l’Adamaoua, région du septentrion camerounais, seuls les transhumances encadrées et les transports de bétails en camions homologués sont encore possibles la nuit. Une mesure pour lutter contre les vols de bovins devenus récurrents.
Dans l’Adamaoua, il n’est plus possible depuis début septembre de convoyer à pied des bovins de 19h à 6h du matin. Il est aussi interdit de transporter des carcasses de bœufs la nuit à moto, tricycles ou sur un véhicule improvisé.
Le phénomène reste préoccupant pour les autorités. En témoigne, la décision prise le 2 septembre dernier par le gouverneur de l’Adamaoua pour interdire le transport de nuit du bétail, même dépecé sur des motos et les tricycles. « Nous avons relevé une récurrence des vols de bétail et quelques criminalités connexes », justifie le gouverneur Kildadi Taguieke Boukar dans Cameroon Tribune.
Pour le gouverneur, cette décision vise également « à sauver les bonnes mœurs parce que le bœuf est abattu dans la nuit sans qu’on ne maîtrise les conditions d’hygiène et les conditions liées à la foi des uns et des autres ».
Mohamadou Bachirou, président de l’Union départementale des éleveurs du Mayo-Banyo, un département voisin du Nigeria, est lui-même éleveur, fils d’éleveurs et petit-fils d’éleveurs. Il élève des vaches laitières et des vaches à viande. L’an passé, il s’est fait voler plusieurs bœufs. Aujourd’hui, il se satisfait de la mesure qui interdit les convois nocturnes de bétail dans l’Amadoua.
« On est obligés de créer des solidarités avec nos éleveurs qui sont au Nigeria. Dès qu’ils voient des animaux suspects, ils arrêtent, ils filment, ils nous envoient les images par WhatsApp. Et nous aussi, de ce côté de la frontière, nous faisons de même. Et on parvient quand même à bloquer certains voleurs. Si le gouverneur intervient pour bloquer ces mouvements nocturnes, vraiment, nous sommes contents », explique-t-il.
Au Cameroun, une vache se revend en moyenne 350 000 francs CFA, soit un peu moins de 550 euros. Le trafic de bétail volé, c’est toute une chaîne, qui va de celui qui vole la bête en passant par le convoyeur, l’intermédiaire qui fera office de boucher jusqu’au revendeur de viande. Et un constat s’est imposé pour Mohamadou Bachirou : dans son département, les vols ont toujours lieu la nuit. D’où la demande de faire interdire les mouvements de troupeaux la nuit.
Ahmadou Rousfaye, le secrétaire général de l’Association pour le développement social et culturel des Mbororo du Cameroun (Mboscuda), le reconnaît dans les colonnes du quotidien gouvernemental dans la région de l’Adamaoua, « on est passé de 1 209 bœufs vols en 2020, a 221 bœufs en 2021 ».
oujours dans le chapitre de l’insécurité, en plus du vol de bétail, la région de l’Adamaoua est l’une des trois régions septentrionales à souffrir du phénomène des kidnappings avec demande de rançon. Des phénomènes qui ont contribué à appauvrir les bergers. Comme réponse, le gouvernement a régulièrement envoyé l’armée qui a mené de nombreuses opérations militaires contre ces criminels.