L’UE offre à l’Egypte une aide économique contre un meilleur contrôle des migrants

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der LeyenLa présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, se rend ce dimanche 17 mars au Caire, accompagnée des Premiers ministres belge, grec, et de la cheffe du gouvernement italienne, Georgia Meloni. Ils doivent signer un accord migratoire avec l’Égypte, un accord qui soulève des critiques.

Une importante délégation européenne comprenant la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, accompagnée du Premier ministre belge, Alexander de Croo, du Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, et de la Première ministre italienne, Georgia Meloni, est attendue ce week-end au Caire. Les Européens y rencontreront Abdel Fattah Al-Sissi, le président égyptien, dans le cadre des discussions sur un partenariat renforcé entre l’UE et l’Égypte.

Les discussions entre l’UE et l’Égypte se sont intensifiées au cours des dernières années pour couvrir un large éventail de domaines d’intervention (énergie, climat, migrations et investissements). Une aide européenne de 7,4 milliards d’euros en prêts et en dons d’ici 2027 pourrait être annoncée. Le pays devra aussi réadmettre ses ressortissants en situation irrégulière dans l’Union européenne. C’est le même type de partenariat qui a été conclu en juillet dernier avec la Tunisie. Plusieurs ONG critiquent le texte, en raison du non-respect des droits humains dans ce pays. Le Conseil européen pour les réfugiés et les exilés dénonce des « accords conclus avec des gouvernements répressifs », qui sont des « tentatives de la part de l’UE de sous-traiter sa responsabilité ».

L’UE et l’Égypte travaillent ensemble à un partenariat global et de longue durée pour ce pays clé de l’Afrique du Nord comptant quelque 106 millions d’habitants. L’Egypte a déjà reçu un montant de 240 millions d’euros durant la période de 2021-2024 en subventions dans le cadre de l’Instrument européen de voisinage pour soutenir le développement vert et durable, le développement humain, la résilience économique et le renforcement de la prospérité.

Ce nouveau partenariat stratégique fait suite au soutien économique que l’Égypte a obtenu des Émirats arabes unis et du Fonds monétaire international (FMI). Entre fin février et début mars, le Caire a ainsi reçu quelque 10 milliards de dollars du fonds émirati ADQ, dans le cadre d’un accord pour le développement d’environ 180 kilomètres carrés à Ras el Hekma, le long de la côte nord égyptienne. Un projet qui implique un investissement initial de 35 milliards de dollars et qui permettra de renflouer les caisses de l’État, grevées par les effets de la guerre dans la bande de Gaza. Le 6 mars dernier, le FMI a annoncé vouloir augmenter la valeur du prêt qu’il accordera à l’Egypte en échange de réformes économiques de 3 à 8 milliards de dollars.

Cette aide répond à l’inquiétude de la communauté internationale face à la situation financière de l’Égypte, au bord de la banqueroute, dont la dette extérieure s’élevait à 164,5 milliards de dollars en septembre dernier, avec des réserves de change en berne (35,2 milliards de dollars, soit l’équivalent de 6,5 mois d’importations de marchandises). 

La guerre à Gaza également au menu des discussions

La succession de visites d’Ursula von der Leyen visites au Caire est aussi motivée par la guerre à Gaza. La guerre toujours en cours a déjà fait plus de 30 000 morts côté palestinien et les besoins humanitaires sont de plus en plus grands. Ce dossier devrait donc être au cœur des discussions de la présidente de la Commission européenne avec ses interlocuteurs égyptiens.

C’est un dossier dans lequel l’Union européenne aimerait s’impliquer plus, mais a du mal à se faire entendre, estime Hugh Lovatt, chercheur au conseil européen des relations internationales : « Je pense que ça va être une question de pouvoir coordonner avec les Égyptiens sur les médiations qui sont en cours entre Hamas et Israël, potentiellement aussi sur la possibilité d’un nouveau plan de paix arabe, les conséquences d’une offensive israélienne à Rafah qui pourrait avoir un impact assez sérieux pour l’Égypte. Mais rappelons que les Égyptiens auront aussi un message pour les Européens. Et je pense que ce message, c’est que l’Union européenne ne fait pas assez pour faire pression sur les Israéliens, ne fait pas assez pour promouvoir le droit international dans le contexte israélo-palestinien comme elle le fait dans le contexte de l’invasion russe en Ukraine. »

Pour Hugo Lovatt, l’Union européenne veut absolument être un acteur de poids, « mais encore une fois, ce n’est pas assez de se dire “impliqué dans le conflit“, il faut agir, estime-t-il. Selon lui, la diplomatie européenne n’utilise pas tous les moyens à sa disposition pour faire entendre sa voix. « Mais néanmoins, l’Union européenne a beaucoup de potentiel malgré ses divisions, malgré le poids des États-Unis, des États arabes, qui compte peut-être encore plus que celle de l’Union européenne. L’Union européenne a des leviers à exercer. L’Union européenne, ses États membres, ont un important levier économique vis-à-vis d’Israël, un important levier politique aussi. Et je dirais que c’est remarquable que sur certaines mesures, l’Union européenne, les États membres, n’ont toujours pas pris ces décisions-là, ces idées sont là depuis des années et n’ont pas été prises. »

Pour la reconnaissance de la Palestine, l’interdiction des produits des colonies et beaucoup d’autres mesures finalement, « ce n’est vraiment pas un manque d’unité, c’est surtout un manque de volonté politique au sein des pays membres », conclut le chercheur au conseil européen des relations internationales.

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