Le titre de notabilité traditionnelle accordé au cardinal Christian Tumi par les garants de la culture traditionnelle venus de son village du Nord-Ouest du Cameroun suscite beaucoup de polémique sur les réseaux sociaux. La polémique faisant croire que l’archevêque émérite de Douala a été initié aux religions endogènes du Cameroun.
Face aux amalgames nourris par les tenants d’un retour aux religions endogènes, les proches du cardinal ont fait une mise au point. La polémique faisant croire que le cardinal Christian Tumi, archevêque émérite de Douala a été initié aux religions endogènes du Cameroun est née sur les réseaux sociaux et a été répercutée par certains médias. À sa base, deux photographies : la première montre le cardinal Christian Tumi en tenue ecclésiastique avec une soutane blanche et la deuxième montre l’ancien archevêque de Douala assis sur un tabouret et en tenue traditionnelle installé devant une calebasse.
Les interprétations ont été multiples. Les tenants d’un retour aux religions traditionnelles notamment, ont utilisé les clichés pour leur propagande.
« Voilà Christian Tumi qui donne l’exemple à tous ces Africains en général, et ces Camerounais qui se sont laissés abrutir par la culture occidentale », écrit un certain Mbèg Sob.
« Christian Tumi a enlevé sa tenue et son statut de cardinal de l’Église catholique pour se laisser initier à la culture traditionnelle africaine. Un bon exemple à suivre pour les nombreux Camerounais perdus dans le christianisme », a-t-il ajouté. Cette interprétation a été reprise sur de nombreuses pages Facebook particulières et collectives.
Faux débat
Face au tollé, le père Ludovic Lado, anthropologue jésuite s’est exprimé sur le sujet sur sa page Facebook le 10 mars. « Pourquoi cette image du cardinal Tumi fait tant de bruit ? Son accoutrement traditionnel ? L’arbre de la paix ? La calebasse ? », s’interroge-t-il. « Pourtant, ces éléments ont été repris dans l’Église catholique depuis des décennies, dans le cadre de la théologie de l’inculturation qui a promu un regard plus positif sur les traditions africaines, mais avec des limites, aucune culture n’étant parfaite ». Interrogé sur le sujet par La Croix Africa, il a explicité. « Il s’agit d’une surenchère médiatique autour d’une cérémonie au cours de laquelle les autorités traditionnelles de la région du cardinal ont voulu honorer leur illustre fils en déployant des symboles traditionnels somme toute bien connus et qui ne prêtent à équivoque que pour les novices en dialogue interculturel et religieux. Le cardinal n’a donc pas été initié à la religion traditionnelle ». ajoute le prêtre jésuite.
Joint par nos confrère de Africa.la-croix.com, Elie Smith, le porte-parole du cardinal Tumi dont a donné davantage d’explications : « Le cardinal Christian Tumi n’a jamais renoncé à sa foi chrétienne catholique et il reste cardinal de la Sainte Église catholique Romaine. Ce qui s’est passé, est qu’il s’est rendu à plusieurs reprises ces dernières années dans son village de Kikaikelaki, dans la région du Nord-Ouest pour convaincre les combattants sécessionnistes de déposer les armes et de s’ouvrir au dialogue dans la crise anglophone. Il n’a pas été écouté parce que les sécessionnistes qui combattent dans le département du Bui, non loin de son village, sont, pour la plupart, musulmans. Les anciens du village qui connaissent bien le sujet ont demandé au cardinal, pour qu’il puisse être écouté par ces jeunes gens, d’accepter de recevoir un titre de notabilité traditionnelle ».
La cérémonie qui a fait du cardinal un « Sufaï », c’est-à-dire un représentant du Fon (roi) et « messager de la paix » a eu lieu le 7 mars 2021 au quartier Bonaberi à Douala en présence des prêtres et de l’archevêque de Douala, Mgr Samuel Kleda. « Il n’y avait rien de sorcier », précise Elie Smith.
View Comments (1)
les camerounais aiment faire de la polémique la ou il ne faut pas et cela est surement du au chômage, dans un pays ou la plus part de nos diplômés se retrouvent dans le secteur informel, que voulez vous qu'ils fassent? il faut bien évader son esprit en spéculant sur des sujets qu'on ne maitrise pas.
L’Église Catholique n'est pas contre nos traditions, elle nous demande juste de modérer ou de savoir faire la part des choses, je prend exemple sur moi qui suis originaire de l'ouest Cameroun, je suis catholique, lorsque je vais à au village, je fais la tradition mais je refuse de me prosterner devant un cadre ou d'invoquer les ancêtres ou de signer des pactes avec mes ancêtres qui sont déjà décédé.