Dans un communiqué le 15 avril, la Commission nationale du croissant lunaire (CNCL) du Cameroun informe la communauté musulmane du pays que la fête marquant la fin du ramadan aura lieu le vendredi 21 avril ou samedi 22 avril. Mais la date exacte sera officialisée par l’observation de la lune au plan national, selon cette organisation de gestion du croissant lunaire, la seule reconnue par les pouvoirs publics.
« La recherche du croissant lunaire devant marquer la fête de fin de ramadan se fera le jeudi 20 avril 2023, ce qui correspond au 29 Ramadan 1444. Si le croissant lunaire fait sa parution, ladite fête aura lieu le vendredi 21 avril. Dans le cas contraire, le mois de ramadan sera complété à 30 jours et la fête sera célébrée le samedi 22 avril 2023 », indique la CNCL. Cette annonce est venue en rajouter à la cacophonie entretenue depuis quelques jours sur le sujet par d’autres associations islamiques.
Le 8 avril dernier, le Conseil camerounais du croissant lunaire (CCCL) a annoncé, par voie de communiqué, que la date de l’Aïd-el-Fitr, fête de la rupture du jeûne qui marque la fin du mois de ramadan, devrait avoir lieu ce vendredi 21 avril. « La conjonction de la prochaine nouvelle lune aura lieu au petit matin du jeudi 20 avril à 5 h 13 (heure de Douala) correspondant au 29 Ramadan 1444. Par ailleurs, le soleil se couchera ce jour-là à 18 h 27, à 24 minutes du coucher de la lune, prévu à 18 h 51. Par conséquent, le nouveau croissant lunaire sera visible au Cameroun […] pendant cet intervalle de 24 minutes. Ce qui marquera ainsi le début du mois lunaire de Shawwal 1444 le vendredi 21 avril 2023 », peut-on lire dans le document du CCCL.
Cet organisme, créé le 3 avril 2021 à Douala, affirme que cette date a été révélée à l’aide « des informations produites par l’Association pour l’observation astronomique (AOA), chargée de la coordination du Comité scientifique et technique du CCCL, et de l’avis des jurisconsultes ». Mais le gouvernement précise que le CCCL n’a aucune « légitimité ni autorité » pour annoncer le début ou la fin du jeûne du ramadan. Pour éviter la confusion autour de cette fête, le Minat avait, en mai 2021, instruit le gouverneur du Littoral, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, de prendre les « dispositions nécessaires » en invitant notamment les responsables du CCCL à se garder de toute communication sur la fin du jeûne du ramadan.« Cette prérogative incombe depuis plusieurs années à la Commission nationale du croissant lunaire (CNCL) », affirme le ministre de l’Administration territoriale (Minat), Paul Atanga Nji.
À cause de cette cacophonie autour de la date de fin du ramadan, de nombreux candidats au Brevet d’études du premier cycle (BEPC) ont loupé une journée d’examen en 2019. À l’époque, le Conseil camerounais des imams, des mosquées et des affaires islamiques (COCIMAI) avait fixé la date le 4 juin 2019. Cette journée devait donc être fériée et chômée dans tout le pays, conformément à la loi du 7 décembre 1973 fixant le régime des fêtes légales au Cameroun. Mais la fin du jeûne musulman avait été célébrée le 5 juin, comme l’avait annoncé la CCCL qui déniait déjà toute autorité au COCIMAI pour le faire. Cette affaire autour de la gestion du croissant lunaire, qui cache mal les batailles de positionnement politique au sein de la communauté musulmane du pays, continue à créer la confusion.
SBBC