Au moins 70 personnes, dont neuf soldats et la femme d’un soldat, ont été tuées lors de l’attaque par des hommes armés d’un village de l’ouest de la République démocratique du Congo, selon les autorités locales, alors que la violence s’intensifie entre deux communautés rivales.
L’attaque de samedi a eu lieu dans le village de Kinsele, à environ 100 kilomètres à l’est de Kinshasa, la capitale. En raison de l’insécurité et du manque d’infrastructures dans la région, les attaques peuvent mettre plusieurs jours à être signalées. Kinsele se trouve dans le territoire de Kwamouth, où le conflit fait rage depuis deux ans entre les communautés Teke et Yaka, entraînant la mort de centaines de civils. Les assaillants appartenaient à la milice Mobondo, un groupe se présentant comme défenseur du peuple Yaka. « Les recherches se poursuivent et d’autres corps ont été retrouvés dans la brousse », a déclaré David Bisaka, le député provincial du territoire de Kwamouth, cité par l’Associated Press, lors d’un entretien téléphonique. Il a ajouté que l’armée avait « réussi à mettre en déroute cette milice » pour la deuxième fois en une semaine. La milice de Mobondo avait tenté une première fois d’attaquer le village vendredi. Après l’attaque de samedi, parmi les morts figurent neuf soldats et l’épouse d’un soldat, a déclaré le chef d’un village voisin, Stanys Liby, à la Radio Okapi financée par l’ONU.
Le conflit autour des revendications foncières et coutumières dans le territoire de Kwamouth a éclaté en juin 2022 entre les communautés dites « autochtones » et « non autochtones », selon le groupe de défense des droits Human Rights Watch. Des tensions ont éclaté entre les Teke, habitants historiques de la région, et les agriculteurs de divers autres groupes ethniques, dont les Yaka, qui se sont installés plus récemment près du fleuve Congo.
Malgré un cessez-le-feu en avril 2024 en présence du président congolais Félix Tshisekedi, les affrontements entre communautés se poursuivent et se sont même intensifiés ces dernières semaines. Le ministre congolais de la Défense, Guy Kabombo Muadiamvita, s’est rendu lundi dans la province du Kwango, où se trouve le village attaqué, pour « sentir la réalité sur le terrain », a indiqué le ministère sur la plateforme de médias sociaux X. « La province du Kwango est la dernière barrière de sécurité pour accéder à la ville province de Kinshasa », a précisé le ministère, ajoutant que le ministre « a promis de ne ménager aucun effort » contre les milices.
L’armée congolaise a également du mal à contenir la violence qui sévit dans l’est du pays, où se déroulent depuis des décennies des combats entre les forces gouvernementales et plus de 120 groupes armés. Nombre d’entre eux cherchent à obtenir une part de l’or et des autres ressources de la région. Les violences se sont intensifiées ces derniers mois dans l’est du pays. Au début du mois, une attaque menée par une milice contre une mine d’or dans le nord-est du Congo a tué six mineurs chinois et deux soldats congolais.