Sénatoriales 2023 :Au cinquième jour de la campagne électorale, le financement public n’est toujours pas disponible.

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C’est le nerf de la guerre, le premier élément auquel l’on pense lorsque l’on décide se lancer dans la course aux suffrages. Pas étonnant donc que l’on a parlé d’argent dès la convocation du corps électoral pour les élections sénatoriales du 12 mars prochain au Cameroun.

Premier point de dépense obligatoire, la caution pour être candidat. Elle est fixée pour les élections sénatoriales au Cameroun à un million de francs CFA et cette somme a constitué un blocage important pour certaines formations politiques dont les listes ont été rejetées pour défaut de caution.

Au finish, rien que le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) a déposé des listes dans toutes les dix régions du Cameroun. Soit dix listes de sept candidats chacune. Ce que l’on peut comprendre aisément au vu de la qualité de ses candidats dont un bon nombre est issu du milieu des affaires.

Si dans le parti au pouvoir les candidats s’acquittent eux-mêmes de leurs cautions, dans les autres formations politiques, le parti est obligé de mettre la main à la caisse pour soutenir certaines candidatures. En attendant le financement public ?

En effet, le Code électoral en son article 284, souligne que l’État participe au financement des campagnes électorales et référendaires. Il s’agit de la prise en charge de certaines dépenses des partis politiques ou des candidats. En effet,  la loi de finances de l’année de l’organisation de la consultation électorale ou référendaire, explique aussi la participation de l’État aux dépenses.

La répartition des  financements des élections des députés, des sénateurs etc, se déroule en deux tranches d’égal montant. La première tranche servie, après la publication des listes de candidats. Et la seconde, après la proclamation des résultats. Puis, s’en suit la distribution aux partis proportionnellement au nombre de sièges obtenus.

Collecte de fonds

Seulement, pour les élections sénatoriales du 12 mars prochain, nos sources au ministère de l’Administration territoriale indiquent que les montants qui seront attribués à chaque parti politique en course n’ont pas encore été arrêtés. De même, le financement public de la campagne électorale, du moins la tranche qui doit être versée après la publication des listes n’est pas encore disponible.

« Ce n’est pas surprenant en fait. En 2018, l’argent n’avait été disponible que deux jours avant le scrutin », nous indique le président d’un parti politique de l’opposition, qui précise que cette année-là 5 millions de FCFA avait été alloués à chaque liste en compétition.

Donc, pour les différentes actions à mener pendant les quinze jours de la campagne électorale, il faudra compter sur d’autres fonds. Si du côté de l’opposition l’on reste plutôt discret sur l’origine de ces fonds, le RDPC, lui, a déjà ouvertement sollicité les contributions de ses membres, qui n’ont pas tardé à mettre la main à la poche. A Bafoussam,  par exemple,19 millions de FCFA ont été collectés samedi dernier à l’occasion du lancement de la campagne du parti dans la région de l’Ouest.

Dans la région de l’Adamaoua, dans les mêmes circonstances, une collecte de 60 millions de FCFA a      été effectuée. Des demandes ont également été faites aux cadres aux niveaux départemental et communal et différentes réunions sont programmées ces jours-ci pour lancer la campagne dans les départements et les communes.

Toutefois, pour des élections comme les sénatoriales, dont le corps électoral se réduit aux conseillers municipaux et régionaux, la campagne électorale est de moindre envergure que celles d’élections au suffrage universel. Pas de grand déploiement, pas de grandes affiches, pas de meeting géant… A quoi donc serait destiné l’argent de la campagne ?

« Nous allons faire du porte à porte et ceci dans les huit départements que compte la région de l’Ouest », indique un cadre de l’Union des mouvements socialistes (UMS), qui présente une liste dans la région de l’Ouest.

Achat des consciences

Sur l’utilisation des fonds, le leader d’un parti qui a requis l’anonymat se veut plus précis. « Ils servent très souvent à l’achat des consciences. Les candidats invitent des conseillers municipaux ou vont à leur rencontre et leur remettent parfois de l’argent pour leur taxi », affirme-t-il.

La tête de liste d’un parti de l’opposition candidat dans le septentrion dit la difficulté de mener la campagne électorale dans les conditions actuelles. « C’est très dur. Comment mener une campagne électorale en l’absence de l’argent prévu à cet effet ? Et si on nous le remet à la fin, est-ce que se sera encore l’argent de la campagne ? », s’interroge-t-il.

« Nous avons commencé, nous les candidats, à nous cotiser pour pouvoir assurer nos déplacements et nos communications. Ce qui complique encore la tâche c’est que le secrétaire général du Comité central du RDPC, dans son discours de lancement de campagne a demandé aux maires de son parti de s’assurer que leurs conseillers votent pour le parti au pouvoir. Or ils constituent la grande majorité des grands électeurs. Donc, il devient difficile de les inviter à une réunion, on est obligé de les rencontrer dans la clandestinité », confesse-t-il.

Eco Matin

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