Vendredi dernier, plus de 10 000 personnes, selon un comptage non officiel, ont fait le pied de grue dans les localités de Kourbi et Ngarmassé pour exiger l’annulation du décret qui crée le parc national de Ma Mbed Mbed.
Dans de nombreux villages de Guidiguis et Taibong, deux arrondissements du département du Mayo-Kani (région de l’Extrême-Nord), les populations réclament à hue et à dia la fermeture du parc national de Ma Mbed Mbed. Elles craignent que cette réserve faunique, créée en janvier 2020 par un décret du Premier ministre Joseph Dion Ngute, multiplie les conflits entre les hommes et les éléphants quand sa mise en place sera définitivement achevée. Abel Dawe, l’un des porte-voix de cette mobilisation, explique que les populations sont convaincues que les éléphants vont sortir du périmètre du parc pour causer des dégâts dans les villages riverains.
Ce dernier fait remarquer que le parc national de Ma Mbed Mbed, qui s’étend sur une superficie de 12 708 hectares, est en réalité un corridor qui va relier la réserve des éléphants de Binder Léré, au Tchad, à celle de Kalfou dans le département du Mayo-Danay en traversant les arrondissements de Guidiguis et de Taibong. Le ministère des Forêts et de la faune (Minfof) ne dit pas le contraire. En 2020, date de la création de ce parc national, le Minfof expliquait à l’opinion publique que Ma Mbed Mbed va créer un couloir de migration pour les éléphants entre le Cameroun et le Tchad voisin. « Il n’y a rien qui garantit que les éléphants vont respecter l’itinéraire de ce corridor », prévient Abel Dawe.
Vendredi dernier, plus de 10 000 personnes, selon un comptage non officiel, ont fait le pied de grue dans les localités de Kourbi et Ngarmassé pour exiger l’annulation du décret qui crée le parc national de Ma Mbed Mbed. Et à en croire certains de ces manifestants, d’autres mobilisations du genre sont prévues dans les prochains jours. « Après la fête de la Jeunesse [cette fête se célèbre la 11 février de chaque année], on va à nouveau manifester pacifiquement si le gouvernement n’a toujours pas annulé le décret de création de ce parc », promet un des porte-voix de cette revendication.
Le ministre Paul Atanga Nji avait présidé le 12 février 2025 à la permanence du RDPC de Kaele, une réunion de concertation avec les populations et les forces vives du Mayo-Kani pour la résolution de la crise née de la création du parc national Ma Mbed Mbed. « Le MINAT a délivré le message d’apaisement du chef de l’État. Il a appelé les uns et les autres à la responsabilité, au respect de l’ordre public, de l’autorité de l’État et des institutions de la République. Il a également conseillé les parents à l’encadrement ferme de leurs enfants qui s’adonnent à la violence, à la drogue et autres stupéfiants. Paul ATANGA NJI a également appelé les uns et les autres à éviter de s’adonner aux sirènes et aux artisans de la division et de la désobéissance civile qui prônent au quotidien le chaos. Face à ces irresponsables, le MINAT promet la rigueur de la loi. Après avoir écouté les points de vue et les récriminations des personnes présentes à cette concertation au sujet du maintien des non dudit parc national, le MINAT a promis de transmettre leurs réserves au président de la République, Paul Biya », apprend-on.
« Au terme de la concertation, le calumet de la paix a été fumé entre toutes les parties prenantes pour que la confiance revienne dans le Mayo-Kani. La visite du MINAT à Kaele s’est soldée par une descente dans la zone du parc national où les autorités administratives ont fait face le 07 février dernier, à la fronde des populations qui ont empêché la descente sur le terrain du gouverneur de l’Extrême-Nord », indique le MINAT.
Après le passage du ministre de l’administration territoriale Paul Atanga Nji dans la localité pour apaiser les tensions et fumer le calumet de la paix, le Premier ministre vient de lancer un appel. « Montée de tensions, mouvement d’humeur… Le Département du Mayo Kani, Région de l’Extrême-Nord, vient d’être le théâtre de quelques troubles sociaux, suite à la cohabitation difficile entre les animaux sauvages du Parc National MA MBED MBED et les populations riveraines. J’ai prescrit des mesures d’urgence et impératives pour préserver la paix sociale dans la localité« , a écrit ce 13 février. La situation a été débattue lors de la réunion du cabinet à l’Immeuble Etoile.
Selon nos informations, le passage du ministre dans la localité a permis de calmer les tensions et plaider pour un retour au calme.
